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La taxe Tobin est une taxe sur les transactions financières.

 

L’économiste James Tobin en 1972, propose de taxer les transactions sur les devises afin de limiter la volatilité des taux de change. Il n’en demeure pas moins un partisan du libre-échange et des organisations internationales telles que l’OMC, la Banque mondiale ainsi que le FMI à qui il propose d’ailleurs de confier les revenus de cette taxe. Rien à voir avec ATTAC, l'Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l'Action Citoyenne, qui reprend en 1998 l’appellation « Taxe Tobin » à son propre compte. Sur le plan technique, l'association souhaite voir taxer l'ensemble des transactions financières, et non seulement le marché des devises. Les recettes devant être reversées à des projets de développement dans les pays pauvres, cette taxe est aussi appelée « La taxe Robin des bois ». A ce jour elle reste à l’état de projet. Alors Tobin or not Tobin ?

 

En 1942 « To be or not to be », film américain réalisé par Ernst Lubitsch sort sur les écrans.

 

 

                L'action :

 

« To be or not to be » se passe durant la Seconde Guerre mondiale, son propos est traité sur le ton de la comédie.

Une troupe de théâtre polonaise répète laborieusement une pièce mettant en scène Hitler, alors que dans la réalité les troupes allemandes envahissent la Pologne.

Le théâtre et ses acteurs se retrouvent au chômage.

Mais un jeune pilote de bombardier réfugié à Londres est amoureux de l'actrice principale, Maria Tura. En essayant de la contacter depuis Londres, il découvre une opération d'espionnage visant le démantèlement de la résistance polonaise. Il est parachuté à Varsovie pour tenter de court-circuiter l'opération. Il retrouve Maria et la troupe, qui vont devoir mettre à profit leur talent pour sauver la Résistance et, profitant des costumes de SS et d'un sosie d'Hitler, essayer d'abuser la Gestapo et sauver leur peau. (Source wikipédia)

 

 

 

Le projet :

 

C’est donc une réécriture libre du film, proposée ici au théâtre. En gardant la trame de départ du film de Lubitsch le projet s’appuie sur un code de jeu tragi-comique qui a fait de ce film sur le nazisme, avec « Le dictateur » de Chaplin, une référence cinématographique en la matière.

 

L’oppresseur nazi d’hier est remplacé par l’oppresseur financier d’aujourd’hui.

 

 

(Avertissement) :

 

Il n’y a rien de comparable entre le climat d’un pays en guerre, d’un peuple brimé par l’oppression nazie et l’époque de crise économique dans laquelle nous vivons. Cependant dans notre environnement où les inégalités s’accroissent constamment, le mal est plus insidieux. Les dérives d’une politique dite mondiale reposant sur le système financier ne sont certes pas les seuls responsables. Des facteurs démographiques, environnementaux, ainsi que l’évolution naturelle ou culturelle des mœurs, bouleversent  l’équilibre de notre système.

 

 

Les motivations :

 

Sans tomber dans le misérabilisme, faire du théâtre est une entreprise souvent précaire qui devient aujourd’hui, plus encore, un acte politique et de fait, militant.  

L’économie de marché nous incite à la rentabilité. Mais faire du théâtre rentable, qu’est ce que c’est ? Rire, penser, se cultiver de façon rentable ça donne quoi ? Cette rentabilité appliquée à l’art est une idéologie imposée petit à petit à tous les esprits comme étant sans alternative possible. Les arts peuvent-ils être soumis aux mêmes lois qu’un marché économique traditionnel ? Des coûts souvent élevés et difficilement amortissables, peuvent-ils réorienter à l’avenir, les choix artistiques ? Mais aussi. Un art riche en substance, a-t-il forcément un coût ?

Par ailleurs, cette « Exception Culturelle » mise en place après la Seconde Guerre Mondiale pour résister aux accords de libre échange est menacée et reconsidérée. Ce n’est pas tant ces protections qui nous importent que la réflexion suivante : un produit artistique est-il un produit de consommation courante, comme un autre ? Ces dérives nous amènent fatalement à la question : Alors comment faire du théâtre rentable ? En attendant de glisser sur la question : Qu’est ce que les gens aiment ?

Cette problématique autour de l’art déclenche volontairement une réflexion plus ouverte sur la société et ses individus, qui pourraient être éventuellement considérés comme des « non-rentables ». Leur place dans cette société et les options radicales qui leur restent, pour s’en sortir : dériver sur la pente d’une longue et lente résignation ou entrer en dissidence et se battre.

 

Petite illustration récréative:

« Un groupe de spécialistes de l’organisation du travail a assisté à un concert symphonique au Royal Festival Hall de Londres. Voici leur rapport :

Pendant de longues périodes, les quatre joueurs de hautbois n’avaient rien à faire. Leur nombre doit être réduit et le travail mieux réparti sur la durée du concert, de manière à éliminer les pointes d’inactivité.

Les douze premiers violons jouaient à l’unisson, c’est à dire des notes identiques. Le personnel de cette section doit subir des réductions massives ; si une grande intensité sonore est requise, on peut l’obtenir à l’aide d’amplificateurs électroniques appropriés.

Le coefficient d’utilisation du triangle est extrêmement faible. On a intérêt à utiliser plus largement cet instrument, et même à en prévoir plusieurs. Son prix d’achat étant bas, l’investissement correspondant serait très rentable…etc… »

 

 

Les références :

 

Cette pièce est comme un manifeste, « Si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ? Si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ? Si vous nous empoisonnez, ne mourrons-nous pas ? Et si vous nous bafouez, ne nous vengerons-nous pas ?… » (« Le marchand de Venise », Shakespeare)

 

L’inaction devant les souffrances, le vide de l’existence conduit-il au suicide, à la mort ? Et devant cette crainte de la mort qui retarde les décisions les plus fermes, l’avilissement de la chair triomphe. Triomphent aussi le vice sur la vertu, les difficultés d’agir sous le poids d’une réflexion " qui fait de nous des lâches ". Ces tribulations d’Hamlet rôdent autour de nos conditions de vie.

 

         « Être, ou ne pas être, telle est la question.

Y a-t-il plus de noblesse d’âme à subir la fronde et les flèches de la fortune outrageante, ou bien à s’armer contre une mer de douleurs et à l’arrêter par une révolte ? Mourir… dormir, rien de plus ;… et dire que par ce sommeil nous mettons fin aux maux du cœur et aux mille tortures naturelles qui sont le legs de la chair : c’est là une terminaison qu’on doit souhaiter avec ferveur. Mourir… dormir, dormir ! Peut-être rêver ! Oui, là est l’embarras. Car quels rêves peut-il nous venir dans ce sommeil de la mort, quand nous sommes débarrassés de l’étreinte de cette vie ? Voilà qui doit nous arrêter. C’est cette réflexion-là qui nous vaut la calamité d’une si longue existence. Qui, en effet, voudrait supporter les flagellations et les dédains du monde, l’injure de l’oppresseur, l’humiliation de la pauvreté, les angoisses de l’amour méprisé, les lenteurs de la loi, l’insolence du pouvoir et les rebuffades que le mérite résigné reçoit des créatures indignes, s’il pouvait en être quitte avec un simple poinçon ? Qui voudrait porter ces fardeaux, geindre et suer sous une vie accablante, si la crainte de quelque chose après la mort, de cette région inexplorée, d’où nul voyageur ne revient, ne troublait la volonté, et ne nous faisait supporter les maux que nous avons par peur de nous lancer dans ceux que nous ne connaissons pas ? Ainsi la conscience fait de nous tous des lâches ; ainsi les couleurs natives de la résolution blêmissent sous les pâles reflets de la pensée ; ainsi les entreprises les plus énergiques et les plus importantes se détournent de leur cours, à cette idée, et perdent le nom d’action… »

 

Ce cri de résignation comme le calme résolu avant la tempête. Puis l’envie, puis l’idée d’agir pointe. Et comme toute forme d’action précipitée, la radicalité s’impose et s’imprègne au passage, de son ainée la folie.

 

« On se bat avec nos moyens et de leurs moyens, on se sert ». Cette phrase résumant assez bien le contexte pourrait être une phrase de la pièce. A l’instar de ces traders perdant des millions, quand à d’autres moments ils en gagnaient le double : et si une petite troupe de théâtre par la complicité d’une arnaque bien ficelée se retrouvait avec un compte créditeur de 300 millions d’euros ? On appellerait cela un « conte en banque ».

 

 

                     Les matériaux :

 

Le ton « léger » de la pièce est nécessaire à la digestion de tous ces thèmes abordés. A la question énoncée plus haut : Qu’est ce que les gens aiment ?  Ils répondent : Rire. Et bien riez ! Dans le film de Lubitsch il est question de vie ou de mort. Ici il est question de vie ou de mort d’un art, d’une aventure humaine.

 

Tout en suivant la trame du film, les situations reposeront sur la vie au quotidien d’une troupe de théâtre. Les répétitions d’une création collective où les comédiens dans l’intimité de leur travail cherchent les gestes, les intonations, la démarche de leur personnage.

 

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