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Le football est le sport le plus populaire au monde, la « langue » football est universelle, elle est accessible au plus grand nombre. Quel que soit l’âge, le niveau social, intellectuel, le foot est un sport qui se pratique dans les plus belles enceintes sportives comme sur n’importe quelle superficie plus ou moins plate pour faire rouler une balle plus ou moins ronde, dans plus ou moins tous les recoins de la planète.

La compétition sportive prône le dépassement de soi, elle permet de se mesurer aux forces de la  nature (escalade, nautisme)  mais plus fréquemment de se confronter à l’autre. C’est l’affrontement. En cela le sport rassemble comme il exclut : si tu n’es pas dans mon équipe tu es contre moi.

Et le football par son rayonnement mondial décuple, exagère ces notions de rassemblement ou d’exclusion, amplifie les émotions qu’il génère, c’est dans la démesure que certains spectateurs s’identifient aux joueurs, devenus des héros. L’honneur même de la nation est parfois en jeu. Les fans les plus extrémistes deviennent des « guerriers supporters ». L’homme est un animal assoiffé de conquête, de possession. Or sa vie est limitée dans le temps, il doit donc se surpasser, se dépasser pour gagner, se battre et se  défendre, vaincre, écraser, anéantir, pulvériser, achever. La terminologie évolue et se radicalise dans la violence.

Comme un enchevêtrement, les émotions et les termes employés du sport et de la guerre se mélangent, ne faisant plus la différence entre une victoire et une mise à mort. Peut-être parce que justement ces guerres proprement dites n’existent plus dans nos pays occidentaux, petit à petit ces pulsions guerrières trouvent refuge, ressurgissent à travers le sport et le football en particulier.

Peu à peu le football entre en fiction. « C’est avant tout un jeu ! » diront certains censeurs de la bonne conduite. Trop tard, il y a maintenant trop d’enjeux. C’est une économie, un business où le spectacle a pris le pas sur le sport. Cette mutation engendrée par le pouvoir et l’argent, fascine ou répugne mais aucune neutralité n’existe. Ainsi la digue de l’extra sportif est rompue : la vie privée, les à-côtés passionnent autant les foules (corruption, salaires mirobolants, affaires conjugales … )

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Dans la Grèce antique  les Aèdes, poètes de l’époque, répandaient partout sous forme de chants, les aventures sulfureuses des héros et Dieux de la mythologie grecque. Dieux, qu’ils voulaient à leur image. Leur représentation physique était d’ailleurs à l’égal de l’homme, la beauté en plus. Tout en gardant leur omnipotence et leurs pouvoirs, ces dieux étaient affublés des mêmes défauts et qualités que les mortels, avaient les mêmes préoccupations, vivaient les mêmes conflits. Cette alchimie leur donnait un ascendant parfois abusif, imprévisible et déconcertant. Ils manipulaient ces héros grecs engagés  dans les épopées (l’Iliade, l’Odyssée…) : de véritables gamins affutés, parés des plus grandes et nobles vertus, malmenés sous une écrasante fatalité.

En arrivant à Troie, les grecs pillaient tout sur leur passage, amassant toutes sortes de trésors, de présents magnifiques ainsi que des femmes. L’Iliade commence par cette querelle entre les deux héros grecs Achille et Agamemnon pour une histoire de fille. Achille doit se résoudre à céder, gémissant il va se plaindre auprès de sa mère Thétis. Dans le monde du foot, alors qu’ils ne sont  encore que des gamins certains joueurs gagnent des sommes colossales et vivent dans la surabondance de façon ostentatoire.

 

L’histoire  racontée s’articule autour de ces deux parallèles : le foot et la mythologie  qui, malgré les distances en tous points, se croisent et se ressemblent. Peut-on comparer l’incomparable ? Le football, une façon réactualisée de raconter le mythe, de s’en faire un écho possible. La mythologie redorant le blason de ce sport, par sa poésie et son lyrisme. Dans les deux cas ce ne sont que des gamins surexposés, en proie à une réalité EXTRAORDINAIRE.

 

Ces excès donnent de la théâtralité, il y a du drame, de la tragédie.

Extrait 

 

 

SA MERE

Danse !

 

ALDO

Foot !

 

SA MERE

Danse !

 

ALDO

Foot !

 

SA MERE

Danse !

 

ALDO

Foot !

 

SA MERE

…Danse !

 

(Aldo de dos en tutu rose amorce quelques pas de danse. Un ballon de foot roule jusqu'à lui, il le regarde. Temps. Continue ses pas de danse. Temps. Il va pour ramasser le ballon avec ses mains, hésite, se ravise puis jongle avec ses pieds)

 

ALDO

Gamin, comme sport pour les garçons faut faire foot ! Et ta couleur "prèf" c'est bleu. Bleu pour les gars et rose pour les filles. Les filles c'est la danse comme sport, en tutu rose la danse. C'est des repères, c'est important d'avoir des repères.

 

SA MERE

La danse donne de l'élan à ton corps, une tenue....tu n'es pas obligé de faire commun, comme eux, résiste au flux, j'aspire à mieux pour toi, reste auprès des femmes fils !

 

ALDO

C'est des repères, ton point de départ et c'est encore plus important de comprendre que c'est juste un point de départ. Après tu peux faire water-polo en jaune, golf en gris, tennis en kaki mais au départ c'est foot et ta couleur prèf : bleu. Plus tard tu seras gendarme, ça tombe bien ils sont en bleu, et tu achèteras une Alpine Renaud bleue parce qu'elle se marie parfaitement avec le bleu de tes yeux mon amour...et la danse, la danse...à la danse ils portent des collants maman.

 

SA MERE

Aujourd'hui c'est négociable, ils portent des filles aussi.

 

ALDO

Mettre des collants pour porter des filles, le grand écart !

 

SA MERE

La vie est une souffrance fils, la danse son élégance. Traverse les âges avec délicatesse.

 

(Sa mère le retient par le bras, la tête, la jambe, le pied, il se débat et se libère. Elle reste avec une chaussure de foot à la main)

 

ALDO

Mais j’ dois faire foot putain !

Les thèmes traités

 

La performance : 

Ce n'est pas qu’une notion sportive, on la retrouve à tout échelon social et professionnel, elle est de nature physique ou intellectuelle. De la performance naît la compétition. L’homme y est soumis de plus en plus tôt dans sa vie. Que se passe-t-il lorsque l’on n’est plus performant ? Moins performant ?

 

La violence : 

Le monde du foot en est truffé et perd peu à peu de ses vertus. On la retrouve également dans la Guerre de Troie mais la littérature et la poésie sont des filtres qui donnent une certaine noblesse. Par le prisme du théâtre, l’idée est d'essayer de donner au sport et au football une autre couleur, en lui apportant de la distance. La violence est aussi véhiculée par l’image, la télé, les médias, il y aura une réflexion, un travail sur l’usage de la vidéo dans ce spectacle.

 

Le sport professionnel : 

Il procure du rêve, l’exemple de gamins défavorisés accédant à la réussite sociale par le sport. L’admiration pour le geste sportif. Le dépassement de soi par le corps, trop souvent oublié, le travail intelectuel étant mieux récompensées que le travail physique. Le foot se fait ainsi le reflet d'un idéal de société méritocratique où le vrai talent est récompensé.

 

Les résonances possibles

 

Le projet tient à trouver des liens avec des associations, prônant les valeurs éducatives et ludiques du sport.

Le développement d’interventions en milieu scolaire ou auprès d’associations sportives (club de foot), permettra de véhiculer les vertus sportives, de réfléchir sur la violence dans ce sport, autour d’un projet liant écriture et théâtre.

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